Holly Hyun Choe :
Cette semaine, je suis à Metz, en France, pour apprendre aux côtés de David Reiland et de l’Orchestre national de Metz. Il y a cinq autres candidats, qui sont devenus des amis.
Nous travaillons des pièces de Debussy, Brahms, Beethoven, et de la compositrice Betsy Jolas. C’est une très belle expérience.
L’orchestre est très ouvert et vraiment à notre écoute quand il joue. Donc c’est très ouvert des deux côtés. C’est une belle expérience.
David Reiland :
Notre ambition est simple. Elle est énorme et très humble à la fois : on offre la possibilité de passer 3 ou 4 jours avec un orchestre, en toute détente, même si, bien sûr, l’épreuve est stressante. Ça leur permet de faire leurs premiers pas et surtout, leurs premières erreurs, sous le regard bienveillant des musiciens, et de moi-même.
David Reiland s’adresse à Holly Hyun Choe : « Ton visage doit rester ouvert. C’est capital. Les musiciens ont besoin de ce contact visuel. Pendant qu’on dirige, le langage corporel est aussi très important, mais le visage encore plus. Et ces derniers mois, avec le masque, ça a été dur. Parce que pour moi, le visage, c’est plus de 50 % de la communication. »
Holly Hyun Choe :
Ça a été formidable de travailler avec David. Il est extraordinaire. C’est un grand musicien. Il est très franc avec nous. Il veut qu’on réussisse, clairement, et il essaie de nous transmettre sa propre expérience, puisqu’il a déjà été à notre place.
C’est un mentor très généreux. Il veut nous faire grandir, et il est très franc, il n’édulcore rien. Il dit ce qu’il a à dire, et c’est rare.
En ce moment, je suis entre deux phases, je suis à la fois diplômée et cheffe-adjointe, sans avoir vraiment entamé une carrière à plein temps. Dans cet entre-deux, c’est précieux d’avoir le retour des musiciens, parce qu’ils parlent avec leur cœur et sans détour. Et leurs commentaires nous obligent à rester humbles.
David Reiland :
Je leur ai dit ce matin (aux 6 candidats) : « Au moment où vous êtes devant l’orchestre, aimez la musique plus que vous-mêmes. » Juste au moment de diriger. Il ne s’agit pas de faire une thérapie ! « Soyez là vraiment pour la musique. Comment mon geste peut épouser au mieux la volonté du compositeur ou obtenir ce que je voudrais tellement entendre ? »
Il faut accepter d’être « le serviteur de ». Même quand on est chef. Si on dirige Beethoven, c’est lui qui reste le boss. On n’est jamais que le serviteur.
David Reiland a dirigé de nombreux orchestres comme l’Orchestre symphonique de Bâle, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg ou encore le Mozarteum Orchester. Aujourd’hui directeur artistique et musical de l’Orchestre national de Metz, Reiland manifeste son soutien aux jeunes artistes par sa participation à différentes master-classes internationales.
C’est donc à L’Arsenal de Metz qu’il a proposé une deuxième édition de sa master classe de direction d’orchestre du 14 au 17 juillet dernier, un an après sa première édition. Dans ce cadre, six jeunes cheffes et chefs d’orchestre sélectionnés sur dossier ont eu l’opportunité de bénéficier d’un temps de travail privilégié avec l’Orchestre national de Metz et son directeur musical. C’est ainsi que s’inscrit sa rencontre avec Holly Hyun Choe, cheffe américano-coréenne à l’Académie de La Maestra.
Au cours de cette master-classe, les six jeunes candidats ont eu l’occasion de travailler des pièces de Debussy, Brahms, Beethoven ou encore Betsy Jolas, toujours sous le regard bienveillant de Reiland et de son orchestre.